La sérigraphie est une technique graphique traditionnellement précise. Je ne suis pas plus que ça attiré par la précision. Je préfère de loin laisser la place à la chance et à l’accident parce que l’art, c’est comme la vie, ça n’est pas précis. La vie, c’est brouillon, ça part dans tous les sens, les événements ne se superposent pas au millimètre près. Même les habitudes changent, de façon infinitésimale, d’un jour à l’autre.
Mon travail de sérigraphe est comme cela. Les coins ne se touchent pas toujours, les couleurs se couchent les unes sur les autres de manière parfois bancale, les motifs se multiplient mais ne sont jamais exactement les mêmes. L’encre est étalée avec des éponges, des bouts de papier déchirés servent de stencils, les calques sont créés au pinceau, rien n’est vraiment ni net, ni absolu.
Ces tirages sont abstraits. Quelques-uns sont minimalement figuratifs : on aurait presque l’impression qu’ils veulent dire quelque chose. Leur conception n’est pas basée sur le sens ceci dit, mais sur la beauté. Sur leur base unie, ils ressemblent un peu à des graffitis, des portions de mosaïques, ou des morceaux de vie dénués de contexte.